Dans cet article, je souhaite amener une réflexion sur la Self Defense et partager mon approche. Pratiquant d'arts martiaux et sports de combat de longue date avec un tempérament assez bagarreur dans ma jeunesse, plus d'une fois je me suis posé la question de savoir ce que je ferais en cas d'agression.
Je me suis battu plusieurs fois dans la rue mais ce n'était pas dans le cadre d'une agression, plutôt des embrouilles à la con durant lesquelles on n'a pas le temps de réfléchir, on a un coup de sang qui monte à la tête et ça part sans la moindre stratégie.
La paralysie par l'analyse
Avec les années de pratique et la quantité de techniques amassées, je me rappelle que le choix devenait paradoxalement de moins en moins clair. Quelle technique utiliser en cas d'attaque ? C'est mieux de frapper en premier, c'est moins risqué mais quelle frappe choisir ?
Avec le temps, j'avais l'impression d'avoir perdu cet instinct naturel où je me posais beaucoup moins de questions avant de pratiquer assidument les arts martiaux. Était-ce lié au fait d'avoir mieux conscience de ce qui peut se passer dans un combat? Ou alors trop de techniques à ma disposition a rendu le choix plus difficile ?
C'est pourquoi, dans le MAD, j'essaye de réduire au minimum le nombre de techniques.
Je pense avoir eu de la chance dans ma jeunesse où ma seule agressivité m'a permis de prendre un ascendant psychologique qui dissuadait souvent. Mes attaques n'ont jamais vraiment eu de réponse (sauf une fois dans mon enfance mais c'est une autre histoire).
La peur de prendre l'initiative
Je me rappelle d'autres situations où j'ai senti que ça allait dégénérer, que j'allais devoir agir mais je repoussais tout le temps ce moment parce que je me disais “si tu attaques, c'est parti, il n'y a plus de retour en arrière, il faut aller au bout”.
Se battre dans la rue n'a rien d'anodin, on peut risquer sa vie. La personne peut être armée, avoir des complices cachés, sans parler d'une éventuelle mauvaise chute après avoir pris un coup.
Lors d'une altercation, un homme est venu vers moi agressivement. Avec les années, j'ai développé une approche qui m'a permis de désamorcer de nombreuses situations, je pousse violemment la personne. Je ne parle pas d'une simple poussée, c'est une poussée percutante sur la poitrine qui fait reculer de 5 mètres, voire tomber. Je pense que de se faire percuter violemment fait réaliser à certains qu'ils ne sont pas prêt à un affrontement physique. L'agressivité retombe immédiatement.
Cette fois là, l'homme ne tenait pas bien sur ces jambes, il a littéralement été propulsé en arrière et est tombé violemment en arrière. Heureusement, il est tombé sur des sacs poubelles parce que sa tête est partie en arrière sans retenue. Quelques minutes après, je me suis repassé la scène dans ma tête, en me demandant si ma réponse n'avait pas été disproportionnée et j'ai pris conscience à ce moment là que sans ces sacs poubelles, un drame aurait pu arriver.
C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à l'ami d'un de mes élèves qui s'est fait provoquer dans un bar, son agresseur a fait une chute sur le bord d'une chaise et est mort. Il est en prison aujourd'hui.
La tendance au massacre
Il existe un cadre légal sur la proportion de la réponse face à une attaque. Ce n'est pas de ça dont j'ai envie de parler. D'ailleurs, la majorité des gens sont d'accord pour dire que lorsque l'on se sent en danger, la priorité est de s'en sortir et on fera face aux conséquences plus tard.
Ce que je vois dans la plupart des systèmes de Self Defense est l'apprentissage du massacre de son agresseur. Pour faire court, l'idée de base est “si l'on vient vous agresser, tant pis, il aura bien mérité ce qu'il va recevoir”.
Du coup, on se retrouve sur des scénarios où l'agresseur se prend une avalanche de coups (sans riposter en général, mais c'est un autre problème) jusqu'à ce qu'il soit par terre où parfois ça continue encore.
Je comprends que l'idée soit séduisante, c'est ce que je me suis dit à moi-même pendant des années. Ces derniers mois, j'ai radicalement changé d'avis pour plusieurs raisons.
Un pas vers la sagesse ?
Cela a commencé par des petites choses souvent liées à l'égo. Là où j'ai grandi, quand on croisait un regard insistant, il ne fallait pas céder, j'avais l'impression que ce serait un signe de faiblesse et la porte ouverte aux agressions. D'un autre côté, ce combat de regard m'a valu plusieurs embrouilles aussi. Rétrospectivement, je trouve ça extrêmement stupide.
J'ai gardé cette attitude très longtemps, ce n'est que récemment que je me suis dit “Mais pourquoi tu fais ça ? T'es en train de passer une bonne journée, tu te contrefiches de ce que ce mec pense, tu n'as rien à prouver”. J'ai donc ignoré plusieurs fois des regards comme ça, au début ça n'a pas été facile mais avec une profonde inspiration ça passait tout seul. Au final, je pense que ne pas répondre à la provocation demande plus de force de caractère, céder à la colère est la solution de facilité. Aujourd'hui, ce n'est plus un effort, par contre je reste toujours vigilant quand ça arrive.
D'autre part, en réfléchissant sur mon système de Self Defense, le MAD, j'en suis venu à plusieurs conclusions qui m'ont amené à changer d'orientation.
Premièrement, je me suis posé la question de savoir quelle est la priorité numéro un en cas d'agression ? Ma réponse : s'en sortir (indemne de préférence).
Deuxième question : quel est le meilleur moyen de s'en sortir ? Ma réponse : ne pas se battre, réussir à partir.
C'est là où je ne rejoins plus la majorité des autres approches actuelles. Je sais que la plupart des professeurs enseignent à leurs élèves de partir s'ils le peuvent, certains apprennent à désamorcer des situations, ce que je trouve très bien mais je souhaite pousser l'idée encore plus loin.
Puisque c'est le meilleur moyen de s'en sortir, ma priorité sera toujours d'éviter de me battre et réussir à partir même en cas d'attaque.
Pourquoi ? Plusieurs raisons à cela :
- tout le monde n'est pas physiquement ou psychologiquement capable de faire mal à autrui
- frapper, c'est risqué de se faire contrer, blesser, saisir, coincer, chuter, bref ça retarde la fuite et ses chances de réussite
- éviter d'éventuelles conséquences dramatiques
C'est sûr que ce n'est pas très vendeur de dire “je vais vous apprendre à fuir !” mais c'est ce qui me semble le plus raisonnable. Je vois déjà venir les commentaires me disant “y'a des fois où tu ne peux pas fuir, t'es obligé de te battre, de frapper”. Certainement mais je n'ai pas la prétention de dire que le MAD a réponse à tout. De la même manière que j'ai décidé de ne pas travailler sur les attaques au couteau (à ce jour, ça peut changer), j'ai choisi de restreindre les situations du MAD aux plus communes.
Je vais quand même enseigner quelques frappes de base adaptées à la rue en cas de besoin absolu mais ce ne sera pas l'axe principal du MAD.
Ton avis ?
Que penses-tu de ce long article ? Te sens-tu prêt en cas d'agression ? Ton avis m'intéresse.
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sages conseils.
pour ma part je n’ai jamais eu à me battre dans la rue (quelques embrouilles mais rien de méchant) peut être que mon gabarit y est pour quelque chose (1m95 pour 87 kilo) mais j’ai toujours cherché à éviter les situations critiques et généralement à me barrer avant que ça ne parte en cacahuète.
Salut Greg, sujet intéressant, fruit d’une bonne expérience et d’une mûre réflexion que l’on ne peut avoir qu’à un certain âge. Quand on te lis, je pense que l’on se revoie tous dans ses duels de regards et on en sourit. Je trouve bien d’apprendre les 2 situations pour s’en sortir la fuite ou la défense, ca dépend du contexte, face à une bande mieux vaut se tirer et contre un seul on peut garder l’ascendant. J’apprécie tes chroniques merci pour ton partage ne change rien.
Bonjour
Ton approche est fort interessante
La difficulté reside à proposer les drills qui correspondent à cette philosophie.
Quelle progression technique ?
Comment dispenser votre methode tout en harmonisant les discours et les pratiques?
Au plaisir de te rencontrer et d echanger.
Brice